La stratégie anti-résistance, cela fonctionne-t-il ? L’exemple du Danemark.

Le Danemark : Une situation très particulière

Le nombre de molécules homologuées au Danemark pour lutter contre le mildiou de la pomme de terre est très limité. Seules 4 molécules préventives sont homologuées : mandipropamid, fluazinam, oxathiapiprolin, propamocarb. Certaines molécules importantes comme le cyazofamide ou le fluopicolide ne sont pas ou plus homologuées. La conséquence de ce manque de diversité dans les solutions contre le mildiou est un risque accru de développement de résistances. Ce risque a été confirmé en pratique par l’apparition sporadique (3 échantillons) des premières souches résistantes aux CAA’s (famille du mandipropamide) en 2021. La dispersion des ces souches résistantes s’est poursuivie en 2022 est a requis la mise en place de mesures strictes pour la saison 2023 afin de lutter contre l’apparition de ces souches et éviter les soucis en pratique : mélanger systématiquement toutes les solutions restantes sur le marché.

Quel a été le conseil en 2023 ?

L’ensemble des acteurs de la filière (industrie de la pomme de terre, conseillers de terrain et instituts officiels ) a communiqué de manière unanime :

  • Toujours au moins 2 matières actives dans le mélange
  • Toujours utiliser les doses pleines
  • Alterner autant que possible
  • Utiliser tous les modes d’actions disponibles

Concrètement, le conseil a été d’utiliser le peu de molécules restantes comme suit : fluazinam (10X), oxathiapiprolin (2X), mandipropamid (3X), propamocarb+cymoxanil (2X), cymoxanil (6x).

Ce conseil n’est certainement pas idéal, mais vu le nombre limité de molécules encore homologuées, il s’agit de « la moins mauvaise solution ».

Cela a-t-il permis de diminuer la pression des souches résistantes ?

La saison en 2023 au Danemark a également connu une pression importante du mildiou en août, avec un haut potentiel d’apparition de résistances, mais par contre très peu de problèmes ont été rencontrés en pratique. Comment l’expliquer ?

La mise en place de la stratégie anti-résistance a permis de diminuer drastiquement la présence de souches résistantes EU_43, passant de 65 % en 2022 à 23 % en un an (partie bleu-vert du graphique ci-joint). Ces souches résistantes , en plus d’être en forte régression, n’ont plus entraîné de soucis en parcelles de production et ce, , grâce aux mélanges de matières actives effectués.

Comment envisager l’avenir ?

Aucune nouvelle matière active n’est attendue en 2024 au Danemark. Dès lors, la stratégie utilisée en 2023 et qui a par ailleurs fait ses preuves sera reconduite par le consortium des différents acteurs de la filiale. Certaines adaptations mineures seront apportées :

  • Possibilité d’utiliser jusqu’à 5 fois le mandipropamide (en mélange) par saison, au lieu de 3 fois
  • En cas d’application consécutive de mélanges, utiliser au minimum 3 matières actives
  • Légère réduction de dose des partenaires du mélange possible en période de très faible risque

Quelle est la différence entre résistance récessive et dominante ?

Phytophthora infestans se reproduit à la fois de manière asexuée par l'intermédiaire de spores et de manière sexuée avec des souches A1 et A2 complémentaires, ce qui entraîne une évolution rapide et potentiellement de nouvelles résistances.
quelle-est-la-difference-entre-resistance-recessive-et-dominante

Mélanger et alterner, est-ce efficace pour lutter contre le développement des résistances ?
La preuve dans nos nombreux essais.

En 2023, Syngenta a mené un nombre record de 33 essais dans le BeNeLux pour répondre aux questions sur la résistance aux CAA et aux OSBPI dans la lutte contre le mildiou de la pomme de terre, dans différentes conditions.
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