Mélanger et alterner, cela a-t-il fonctionné en 2024 ? Vérifications des hypothèses émises l’an dernier

En 2024, les agriculteurs belges ont continué à faire face au défi persistant du mildiou. La stratégie de mélange et d'alternance des modes d’action, préconisée par l’ensemble de la profession avant la saison et largement adoptée, a été mise à l'épreuve. Examinons les résultats obtenus sur le terrain.

Les hypothèses émises avant le début de la saison ont-elles été confirmées ? Pour rappel, il s’agissait des postulats suivants :

1. Mélanger et alterner permettra d’augmenter l’efficacité des schémas et de limiter le développement du mildiou
2. Mélanger et alterner permettra de ralentir l’expansion de la souche récessive EU_43 (responsable des résistances aux CAA’s)
3. Positionner le produit au bon moment (intervalle, stade de la pomme de terre…) permettra de limiter le développement du mildiou.

1. Mélanger et alterner permettra d’augmenter l’efficacité des schémas et de limiter le développement du mildiou

➞ Diminution des soucis en pratique rapportés comparativement à 2023.

Malgré une année marquée par une pression en mildiou record, les infections en parcelles ont été relativement limitées. Moins de problèmes ont été reporté dans nos campagnes. Le suivi strict des principaux conseils émis par l’ensemble du secteur (mélange, alternance, intervalle) par les cultivateurs en est la raison.

Les essais ont à nouveau démontré que toutes molécules utilisées seules, quelles qu’elles soient, présentant des résistances ou non, ont donné des résultats insuffisants et bien inférieurs aux mélanges de matières actives.

2. Mélanger et alterner permettra de ralentir l’expansion de la souche EU_43

➞ Diminution drastique des souches EU_43, responsable de la résistance (récessive) aux CAA’s.

L’analyse des échantillons prélevés par les centres de recherches et les sociétés phytopharmaceutiques en 2025 montrent une diminution drastique des souches EU_43 en Belgique, passant de 35% des échantillons, à 12%.  Cette diminution est également observée dans l’ensemble des pays de l’ouest européen.

En plus de la diminution globale de la pression de sélection, le mélange des modes d’actions a permis de diminuer spécifiquement la présence de résistance aux CAA’s, grâce au caractère récessif de cette mutation, mise en avant en 2024.

3. Positionner le produit au bon moment (intervalle, stade de la pomme de terre…) permettra de limiter le développement du mildiou

Les cas importants de mildiou déclarés dans les parcelles en 2024 ont été très limités. La cause des problèmes survenus malgré le suivi des préconisations, a toujours pu être identifiée :

• 1^er traitement appliqué trop tard, sur des plantes trop développées, dans une situation de pression dans l’environnement élevée en début de saison 2024 (repousses, étalement des plantation et levées, parcelles 2023 non récoltées, conditions météorologiques propices…)
• Les conditions météorologiques (température, humidité relative et précipitations) ont considérablement réduit la durée des cycles en 2024. Des intervalles trop importants (7 jours et plus) ont conduit à une protection insuffisante face à des cycles d’infections rapprochés.
• Certains traitements ayant conduits à des résultats insatisfaisants sont expliqués par des traitements de nuit, sur feuillage mouillé, entrainant un lessivage massif des fongicides.
• L’alternance des matières actives nous pousse à revoir nos schémas de protection, entrainant l’utilisation de produits en début de saison alors qu’ils étaient historiquement destinés à la fin de saison, et inversement. Cette stratégie est tout-à-fait pertinente, à conditions que le temps de séchage ainsi que les caractéristiques intrinsèques des molécules, spécifique à chaque produit, soient respectés.