Quelle est la différence entre résistance récessive et dominante ?

Reproduction asexuée VS reproduction sexuée

Le Phytophthora peut se multiplier par reproduction asexuée ou sexuée.

Le plus souvent, Phytophthora infestans se reproduit par voie asexuée. L’arrivée d’une spore sur une feuille par voie aérienne engendre la germination de celle-ci et la contamination des tissus via la formation d’un mycélium. Les symptômes du mildiou sont alors visibles. Des sporangiophores apparaissent ensuite à la surface inférieure des feuilles et engendrent la formation de nouvelles psores qui se dispersent et provoquent de nouvelles contaminations.

Phytophthora infestans peut également se reproduire par voie sexuée. Ce processus requiert la présence de souches de deux types sexuels complémentaires, A1 et A2. Ce processus permet au pathogène d’évoluer rapidement. Cela provoque l’apparition de nouvelles souches, et donc de nouvelles résistances face aux fongicides ou des possibilités de contournement des gènes de résistances des variétés résistantes. Ces mutations, ou « erreurs naturelles », ne sont pas rares. En effet, jusqu’à 40.000 mutations peuvent se produire par cycle et par hectare !

Apparition de résistances aux CAA’s et OSBPI

La reproduction sexuée a récemment engendré des mutations spécifiques au niveau du génome de Phytophthora infestans et a provoqué l’apparition de nouvelles souches résistantes à la famille des CAA’s (mandipropamide, diméthomorphe, valifenalate et benthiavalicarbe) ou à la famille de l’OSPBI (oxathiapiproline).

Un individu est dit « homozygote » s’il a deux fois le même allèle (AA ou aa). Il est dit « hétérozygote » s’il possède deux allèles différents (Aa).

L’allèle de Phytophthora infestans « sauvage » sera dorénavant représenté par ‘AA’. La mutation est représentée par ‘aa’.

Résistance récessive VS résistance dominante

Nous savons grâce à nos études que la mutation engendrant la résistance aux CAA’s est récessive. Que cela signifie-t-il ? Cela signifie qu’un individu doit avoir deux allèles mutant ‘aa’ pour montrer une résistance face aux CAA’s. Lors d’une reproduction sexuée (F1) d’un individu ‘AA’ sensible avec un individu ‘aa’ résistant, engendrant des individus mutés à 50 % ‘Aa’ (un des deux allèles uniquement), ces nouveaux individus seront sensibles aux CAA’s car la résistance est récessive. En deuxième génération, la plupart (75 %) des individus seront également sensibles. Cela signifie que les nouvelles souches issues d’un croisement entre une souche résistante et une autre souche sensible engendrera une souche sensible aux CAA’s. Cet aspect a été observé pour la première fois en pratique en 2023 : de nouvelles souches issues de croisement entre souches résistantes ‘aa’ (EU_43) et d’autres souches ont été observées pour la première fois et sont toutes sensibles aux CAA’s.

Et si une résistance est dominante, que cela signifie-t-il ?

D’autres mutations sont considérées comme dominantes. Cela signifie que les individus hétérozygote ‘Aa’ issus d’un croisement d’une souche sensible avec une souche résistante seront toujours résistants. Par ailleurs, les individus des générations suivantes seront pour la plupart résistants. Il est clair qu’une résistance dominante possède une capacité d’expansion bien plus rapide qu’une résistance récessive. En effet, les populations où la résistance présente est dominante sont difficiles à réduire par de nouvelles combinaisons.

Que cela signifie-t-il pour l’avenir ?

D’une part, les bonnes pratiques de lutte contre le mildiou (ajout d’un partenaire aux CAA’s) permet de limiter l’expansion des souches actuelles résistantes à cette famille de fongicides. D’autre part, l’évolution attendue des souches, de part la récessivité du caractère héréditaire, semble permettre l’espoir que la résistance aux CAA’s reste contenue et ne re présente qu’un moindre problème à l’avenir dans nos campagnes.

La stratégie anti-résistance, cela fonctionne-t-il ? L’exemple du Danemark.

La stratégie anti-résistance du Danemark est limitée, avec seulement 4 molécules approuvées contre le mildiou de la pomme de terre, ce qui entraîne un risque accru de développement de la résistance, comme le confirme l'émergence de la résistance aux AAC en 2021, avec des mesures strictes prises pour la combattre en 2023.
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Mélanger et alterner, est-ce efficace pour lutter contre le développement des résistances ?
La preuve dans nos nombreux essais.

En 2023, Syngenta a mené un nombre record de 33 essais dans le BeNeLux pour répondre aux questions sur la résistance aux CAA et aux OSBPI dans la lutte contre le mildiou de la pomme de terre, dans différentes conditions.
melanger-et-alterner-est-ce-efficace-pour-lutter-contre-le-developpement-des-resistances-br--la-preuve-dans-nos-nombreux-essais
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